Le fil de la médiathèque

Veille de bibliothècaire

Archives mensuelles de “avril, 2012”

De PMB à Koha : retour d’expérience de la BU de l’ICT

Bambou poursuit ses consultations auprès des utilisateurs du logiciel libre Koha en relatant cette fois-ci un cas un peu plus singulier puisqu’il s’agit là, non pas d’une migration d’un logiciel propriétaire vers Koha, mais de celle d’un logiciel libre (PMB) vers Koha (lequel, rappelons-le, est libre ET communautaire). On remercie donc Magali Hurtrel Pizarro, conservateur de la Bibliothèque Universitaire de l’Institut catholique de Toulouse, de nous livrer ce retour d’expérience, quelques mois seulement après la mise en service de Koha au sein de son établissement.

Bambou : “Pourquoi la Bibliothèque universitaire de l’Institut catholique de Toulouse a-t-elle fait le choix de changer de logiciel libre en passant de PMB à Koha ?”

Magali Hurtrel Pizarro :” Le choix de migrer de PMB à Koha a été principalement motivé par notre souhait de rejoindre le réseau du Sudoc. Ce passage de l’un à l’autre était un pré-requis dans la mesure où PMB ne pouvait fournir de passerelle d’échange Sudoc-SIGB opérationnelle. Les retours d’expérience positifs de structures documentaires universitaires, notamment du sud-est de la France, ou de l’Institut des sciences de l’homme, à qui je renouvelle mes remerciements pour leur disponibilité, nous ont permis de confirmer notre choix avec sérénité. Le choix du passage de PMB à Koha a facilité également notre connexion au portail Origène, meta-catalogue des bibliothèques des 5 instituts et universités catholiques françaises (http://origene.univ-cathofrance.fr/)

Principaux critères (entre autres) vus comme apportant une valeur ajoutée :

  • une meilleure gestion du format UNIMARC et des autorités matières RAMEAU
  • une gestion des liens pour signaler les filiations des ressources continues
  • une valorisation des nouveautés par le biais d’une requête pérenne (tag de notices).

……….

Bambou : “Comment s’est passée l’intégration (en termes technique, organisationnel…) ?”

Magali Hurtrel Pizarro :” L’intégration réalisée en 2011 par la société TAMIL s’est très bien passée.En quelques mots, le projet s’est déroulé sur un an environ, de la rédaction du cahier des charges au choix du prestataire qui allait nous accompagner dans ce changement d’envergure, à la migration des données, et enfin à la mise en ligne de la nouvelle interface du catalogue « aux couleurs » de notre bibliothèque.

En termes techniques, les plus grandes difficultés semblent avoir été la récupération des notices « filles », propres à PMB et les bulletins de périodiques qui sont devenus des notices d’articles, interrogeables aujourd’hui par mot du titre.

En termes de fonctionnalités, ce projet a sollicité beaucoup d’ingéniosité de la part de Frédéric Demians (Tamil) pour répondre au plus près à nos attentes. Les liens de filiation entre notices de périodiques, notamment, est une grande réussite, particulièrement appréciée de nos lecteurs. Les transferts réguliers du Sudoc vers Koha sont opérationnels et nous avons réalisé la première partie de la localisation automatique de nos données (issues de PMB) dans le Sudoc.

En terme organisationnel, et dans la dynamique de deux déploiements simultanés, presque trois (Koha, Sudoc et Origène), nous ne pouvons que nous réjouir du chemin parcouru (à titre indicatif, la première informatisation de la bibliothèque de l’ICT date de 2005 avec PMB).

Cela a été un réel travail d’équipe ! De nouveau, un grand merci à Frédéric Demians (Tamil), l’équipe de l’ABES et aux bibliothèques de l’UDESCA

……….
Bambou : “Quelles sont vos premières impressions sur le fonctionnement du logiciel ?” Avez-vous des retours de vos utilisateurs ?

Magali Hurtrel Pizarro :” Nous sommes ainsi que nos utilisateurs globalement très contents. Une enquête de satisfaction portant notamment sur cette récente évolution sera prochainement distribuée à nos lecteurs. Nous aurons alors plus d’éléments de réponse.

Concernant les fonctionnalités prévues pour les utilisateurs, tout n’est pas encore finalisé. Nous pensons particulièrement au compte-lecteur que nous espérons mettre à disposition de nos étudiants et enseignants à partir de septembre prochain (en lien avec l’annuaire LDAP de l’établissement, en cours de déploiement)

……….
Bambou : “Quelles évolutions attendez-vous de Koha sur les court et moyen termes ?

Magali Hurtrel Pizarro :” Il nous manque un peu de recul pour véritablement nous projeter pour le moment, surtout dans un contexte de réflexion intense sur le web sémantique.Néanmoins, il semble que certains liens pourraient être développés (par exemple, entre les différents supports : texte imprimé et document numérique). Les fonctionnalités de recherche en OPAC pourraient aussi être améliorées, notamment concernant les autorités matière (termes « employé pour », etc. / « commence par » au lieu de « contient » seulement). A méditer donc…”

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Bambou : “Envisagez-vous de participer au développement fonctionnel du logiciel, de vous positionner comme un acteur-contributeur au sein de la communauté Koha ?”

Magali Hurtrel Pizarro :”Oui, pour le bien commun, dans la mesure de nos moyens, bien sûr !”

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Quelques infos sur la BU de l’ICT

sa mission : répondre aux attentes de la communauté universitaire de l’ICT non seulement en matière de documentation mais aussi en terme de méthodologie de recherche.

sa collection :

  • 20 000 volumes en libre-accès, 250 000 ouvrages en magasin consultables sur demande, ainsi que 300 titres de revues, reflétant les domaines d’enseignement de l’I.C.T.
  • une collection patrimoniale évaluée à 25 000 volumes qui présente des trésors tels le Livre des Rois, quelques incunables et autres fonds essentiellement religieux.
  • le fonds du Centre d’Etudes Africaine, Arabe et Asiatique qui comprend de nombreux ouvrages dans les domaines des missions, de la théologie et de l’anthropologie culturelle.
  • 5000 prêts / an

ses services :

  • Aide à la recherche et orientation du lecteur
  • Postes informatiques dédiés à la recherche documentaire
  • Accès WIFI et Internet
  • Photocopieuse et impression de vos résultats de recherche à partir des ordinateurs de la B.U. (vente de la carte à la B.U)
  • Prêt entre bibliothèques (PEB)

ses publics : 2000 étudiants environ


Classé dans:entretien, entretiens Koha, koha, Koha : retour d’expérience Tagged: koha, logiciel libre

Cet article provient de Bambou http://docmiop.wordpress.com/2012/04/13/de-pmb-a-koha-retour-dexperience-de-la-bu-de-lict/

Auteurs, clients, ebooks : le lavage de cerveau façon Jeff Bezos

Jeff Bezos a créé Amazon. En vendant le premier des livres imprimés sur Internet. C’était avant. Maintenant, Jeff Bezos entend rester le premier. En vendant des livres numériques, sur internet. Moins cher encore et plus rentable que jamais, il vient de recevoir le soutien le plus prisé qui soit : celui du ministère de la Justice américain. 

 

Il faudrait remonter toutes les méthodes déployées par Amazon, depuis les premiers temps, pour comprendre combien le lavage de cerveau des clients a été long, minutieux et méthodique. Au point qu’aujourd’hui, le grand patron puisse assurer à ses actionnaires que tout va bien. Avec une certaine indécence – arrogance ? – il leur a fait parvenir un courrier, dans la foulée de la plainte du DoJ contre Apple et cinq éditeurs internationaux. Une manière de danser autour de la tombe qu’il leur a soigneusement creusée…

 

L’autoédition, sous haute surveillance

 

On y retrouve des témoignages de personnes qui recourent à Kindle Direct Publishing, l’outil de commercialisation de livres numériques uniquement à destination de l’écosystème Amazon, et qui connaît un succès incroyable. Pourquoi ? Parce qu’avant, un auteur seul pouvait arriver à vendre quelques dizaines de livres papier, et qu’aujourd’hui, ce sont des centaines de titres qu’il peut vendre, chaque mois, et plus encore. Therese Ragan assure : « En un peu plus d’un an, j’ai vendu près de 250.000 ebooks via le Kindle, et j’ai changé mes vieux rêves pour d’autres, plus grands, meilleurs. » Ouch.

 

Jeff Bezos n’a pour le moment pas à répondre au ministère de la Justice : sa société est si effroyablement absente de tous les débats – alors qu’elle est au coeur des questions de redevances et de taxes dans différents États, où elle ne paye rien, mais alors rien du tout – que c’en devient effrayant. Son absence est d’ailleurs si criante de vérité, que cette histoire d’entente sur le prix de vente des ebooks restera probablement à l’avenir comme l’entente Amazon. Du nom de celui qui l’a poussée, propulsée et qui a agi en sous-main pour retrouver son monopole passé. 

 

 

 

 

S’il y devait y avoir destruction de la chaîne du livre, il resterait encore Amazon. Étant donné que depuis des années, la société s’emploie à remplir tous les postes possibles dans la chaîne – tour à tour libraire, éditeur, distributeur et diffuseur d’ebooks, bibliothèque, etc. – Amazon prend toutes les places, qu’elle tente de saper. La question est : combien de manuscrits Bezos s’est-il fait refuser pour avoir tant de haine contre l’édition ?

 

Des milliers d’auteurs, aux milliers de livres

 

La division Kindle Direct Publishing, par laquelle passent les auteurs autoédités, compte déjà plus de mille auteurs qui ont vendu plus de mille exemplaires par mois de leurs livres. Certains d’entre eux ont même atteint des centaines de milliers de ventes, et deux sont entrés dans le Club des Millionnaires. « Les auteurs qui utilisent KDP conservent leurs droits d’auteurs, leurs droits dérivés, gardent la main sur leur calendrier de publication », amorce Jeff.

 

Mais surtout, « les auteurs PDK perçoivent 70 % de droits. Les plus grands éditeurs traditionnels versent des droits de 17,5 % sur les ebooks », par un calcul simple : 25 % de 70 % du prix de vente. « La structure des droits PDK transforme complètement la vie des auteurs. Un prix de vente classique et attractif est autour de 2,99 $ et les auteurs perçoivent 2 $ ! »

 

A lire : Amazon : le miroir aux alouettes de la politique tarifaire Kindle

 

Quand pour gagner la même somme, il faudrait, chez un éditeur classique, qu’ils vendent leurs titres 11,43 $. « Je vous assure que les auteurs vendent bien plus d’exemplaires à 2,99 $ qu’ils ne le feraient à 11,43 $. » Autant de successtory dont Bezos peut se vanter et faire exploser son plaisir devant les actionnaires, pour les réconforter, en cette période où le marché de l’ebook s’apprête à vaciller. Ou du moins à trembler un peu. 

 

Paradoxe : Amazon, garant futur de la liberté de publier

 

Évidemment, cela implique d’oublier les censures de livres autoédités, ou encore les batailles qui font rage sur les commentaires laissés par les internautes, et absolument hors de contrôle. C’est oublier l’affaire 1984 qui avait frappé, et le moment où des milliers de Kindles vraisemblablement se sont retrouvés privés d’un ouvrage acheté – parce qu’Amazon avait appuyé sur un bouton, et l’avait alors supprimé de tous les lecteurs ebook.

 

C’est aussi passer sous silence que si l’on ne peut plus se fournir en livres qu’auprès d’un seul et unique acteur, la diversité, pour le coup, peut être aussi vaste que possible, elle n’en reste pas moins soumise au diktat d’un seul – comme la presse italienne, inféodée à Berslusconi. C’est faire l’impasse sur les impôts qu’Amazon refuse de payer, pour prendre les commerces physiques à la gorge, ou encore oublier que les tablettes sont coûteuses à produire et qu’il a fallu largement rassurer les actionnaires, fin décembre. 

 

« Kindle Direct Publishin est fantastique pour les lecteurs parce qu’ils accèdent à des prix bas, mais, ce qui est peut-être tout aussi important, les lecteurs ont également accès à une plus grande diversité de titres, puisque les auteurs qui auraient été refusés chez de grands groupes d’édition trouvent leur place sur ce marché. […] La liste des meilleures ventes KIndle est pleine de petits éditeurs et d’auteurs indépendants, alors que celle du New York Times est dominée par des auteurs à succès, bien établis. »

 

La bibliodiversité, selon Amazon, selon les critères nouveaux d’Amazon, ça vous a une gueule de fin du monde… Et Jeff est particulièrement heureux d’avoir « un siège au premier rang », pour y assister. 

 

Pour approfondir

Contre l’entente d’Apple, le monopole d’Amazon sur les ebooks

Procès antitrust, ‘une très grande victoire pour Kindle’ 

La plainte contre Apple, ‘de l’herbe à chat pour l’Union européenne’

Cet article provient de Actualitté – Une page de caractère http://www.actualitte.com/actualite/monde-edition/economie/auteurs-clients-ebooks-le-lavage-de-cerveau-facon-jeff-bezos-33509.htm

CultureWok un dispositif de médiation recommandé

J’avais présenté il y a plus de 2 ans et demi le Culture Wok dans ce billet,

Développé par une équipe pluridisciplinaire, en partenariat avec la région Aquitaine, le Wok est un nouvel outil de recherche en ligne reposant sur un principe d’indexation intersubjective et collaborative qui prend en compte les choix psychiques de ses utilisateurs à partir de critères sensitifs. Il intègre les données linguistiques, sonores et visuelles dans un même espace pour s’adapter et se décliner dans de nombreux domaines.

En fait, l’internaute est face à une série de curseurs qu’il peut faire varier selon ses envies, et lorsqu’il valide, le moteur lui indique des titres ! Voici l’exemple de la Médiathèque le Carré des Jalles avec son bookwok, testez c’est pas mal du tout ! Culture Wok a fait du chemin en tissant des partenariats avec des bibliothèques, un centre culturel et même un éditeur et un libraire! Voici la liste des partenaires : J’ai posé ces trois questions à Gaëlle Pertot, secrétaire de l’Association Wok, merci pour ses réponses !

Comment une bibliothèque peut-elle “développer son wok” ? 

Les bibliothèques intéressées adhèrent au Culturewok et choisissent les modules qu’elles souhaitent proposer à leurs usagers afin de mettre leurs fonds en avant.

Comment les données doivent-elles être indexées ? les données sont indexées en deux temps :

  • 1. Entrée des données (livres, films, musiques, jeux vidéos)  par numéro ISBN ou EAN
  • 2.  Pondération de l’œuvre et commentaire.
Par ailleurs, les structures qui le souhaitent peuvent ajouter à la notice la côte et le lien vers le catalogue
Combien coûte l’installation d’un wok dans une bibliothèque ? (un ordre de grandeur svp) je vous joins notre grille tarifaire. Le prix par module est calculé sur la base du nombre d’habitants. Il est compris entre 20€ et 100€ par mois pour un module.

Voici enfin un retour d’expérience de la Bibliothèque de Saint-Raphael par Franck Queyraud qui l’avait publié sur son blog :

Cet article provient de Bibliobsession 2.0 http://www.bibliobsession.net/2012/04/13/culturewok-un-dispositif-de-mediation-recommande/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+bibliobsession%2FTKHz+%28Bibliobsession+2.0%29

Moins de livres en bibliothèques ?

La tendance à diminuer les collections fait débat. En témoignent les échanges entre Patrick Bazin, directeur de la BPI, et Bénédicte Hamon, conservatrice à la BNF.

Cet article provient de Livres Hebdo : actualités de la rubrique Bibliothèques http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=8421

Le livre numérique obtient sa définition fiscale

À quelques heures du changement de TVA du livre numérique de 19,6 % à 7 %, les autorités françaises peaufinent les derniers détails pour la bonne mise en oeuvre de cette nouvelle politique. Ainsi, la DGI (Direction Générale des Impôts) a publié sa définition, fiscale, du livre numérique (via @btabaka).

Le livre, numérique, ou sur support physique, a pour objet la reproduction et la représentation d’une oeuvre de l’esprit créée par un ou plusieurs auteurs, constituée d’éléments graphiques (textes, illustrations, dessins…) publiée sous un titre.

Le livre numérique ne diffère du livre imprimé que par quelques éléments nécessaires inhérents à son format. Sont considérés comme des éléments accessoires propres au livre numérique les variations typographiques et de composition ainsi que les modalités d’accès au texte et aux illustrations (moteur de recherche associé, modalités de défilement ou de feuilletage du contenu).

Le livre numérique est disponible sur un réseau de communication au public en ligne, notamment par téléchargement ou diffusion en flux, ou sur un support d’enregistrement amovible.

Ainsi, les livres-applications sont exclus de cette définition et restent donc sujets à une TVA de 19,6 %. Dans les faits, cela ne changera pas grand-chose puisque la principale entreprise distribuant des livres-applications est Apple par le biais de l’App Store. La firme de Cupertino prélève une TVA de 10 % sur les ventes (selon la législation luxembourgeoise, pays dans lequel sont basées les activités européennes d’iTunes) et reverse des royalties hors taxes aux développeurs. Finalement, cette baisse de TVA ne changera pas grand chose pour les lecteurs…

Cet article provient de eBouquin http://www.ebouquin.fr/2011/12/30/le-livre-numerique-obtient-sa-definition-fiscale/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+ebouquin%2Farticles+%28eBouquin+-+Articles%29

Et si on enseignait vraiment le numérique ?

Partagé par Liberlibri

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bibeco

Cet article provient de Le Bouillon des Bibliobsédés http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/03/et-si-on-enseignait-vraiment-le-numerique_1679218_3232.html

[SIGB libres] Koha, le précurseur « Software, Libraries & Information …

Koha est le premier SIGB Open Source répertorié en tant que tel. Cela n’en fait pas pour autant un dinosaure, puisqu’il est en constante évolution et bénéficie d’une large communauté. Il a été adopté, entre autres, par le

Cet article provient de sigb – Google Blog Search http://softwareandhardbooks.wordpress.com/2011/11/22/sigb-libres-koha-le-precurseur/

Aide pour PMB avec Jogtheweb

Cet article provient de Geek stardust http://geekstardust.blogspot.com/2012/02/aide-pour-pmb-avec-jogtheweb.html

Robert Darnton promet une bibliothèque américaine entièrement numérique

« Je vous le promets. Nous le ferons ». C’est ainsi que Robert Darnton a terminé son discours à Harvard ce lundi 2 avril 2012, au cours d’une conférence nommée Digitize, Democratize: Libraries and the Future of Books (Numériser et démocratiser : les bibliothèques et l’avenir des livres).

 

L’historien, auteur de l’Apologie du livre, Demain, aujourd’hui, hier (voir notre actualitté), également directeur de la bibliothèque de Harvard, a émis lors de cette conférence le voeu de voir prospérer une Digital Public Library of America, un projet gigantesque à but non lucratif qui permettrait un libre accès à des millions de livres numérisés. Ce projet devrait être réalisé d’ici avril 2013.



 

 

 

Cette bibliothèque numérique entend ainsi mettre à disposition des contenus variés, de l’écrit à l’image, du film à la musique. La question des droits a bien entendu été évoquée, avec l’idée d’un « mur mouvant » , délimitant les oeuvres tombant au fur et à mesure dans le domaine public. Les ayants droit pour ces oeuvres auront la possibilité d’entrer ou sortir du processus en fonction de leurs propres intérêts. En revanche, la question des oeuvres orphelines, note Darnton, est encore trop complexe et épineuse pour être réglée sans une étape législative au préalable.

 

Google, entre inspiration et contre-exemple

 

Robert Darnton propose ainsi un équilibre entre démoctarisation et commercialisation du patrimoine écrit. Selon lui, le précédent de Google partait d’une idée viable, mais qui a échoué, puisqu’il s’agit maintenant d’une bibliothèque « commerçante », qui ne prendrait pas réellement en compte les intérêts du public.

 

L’enjeu est maintenant de trouver cet état d’équilibre pour la DPLA, entre l’intérêt du public et les enjeux commerciaux, c’est-à-dire « sans heurter les intérêts légitimes de l’industrie du livre ». À la fin de son discours, Robert Darnton a été interpellé par Nick Taylor, qui a guidé l’Authors Guild au moment des premiers procès contre Google lors des premières entreprises de numérisation. Il lui a demandé si les intérêts des auteurs étaient suffisamment pris en compte dans cette entreprise, ce à quoi l’historien a répondu que le comité directeur de la DPLA n’était pas conçu pour répondre aux besoins particuliers de groupes ou « secteurs » comme les auteurs ou les éditeurs. Cependant, il a précisé que le comité directeur lui-même comprenait des auteurs, qui seraient en mesure de mieux appréhender ces besoins. 

 

L’historien s’est dit, au cours de son discours, amateur de récits utopiques. Selon lui, « les choses peuvent s’écrouler, souvent au cours de périodes révolutionnaires, de telle façon qu’elles libèrent cette énergie utopiste ».

 

L’attitude décidée de Robert Darnton semble témoigner d’une volonté à toute épreuve dans cette entreprise qui ne manquera pas de susciter des réactions diverses. Elle s’était déjà manifestée dans son Apologie du livre (2011 pour la traduction française), où il déclarait :

« Et que dire de la bibliothèque ? Elle pourrait passer pour la plus archaïque de toutes les institutions. Cependant, son passé augure bien de son avenir car les bibliothèques ne furent jamais des entrepôts de  livres, mais elles ont été et seront toujours des centres du savoir. Leur position au coeur du monde du savoir en fait des lieux idéalement adaptés pour servir d’intermédiaires entre les modes de communication imprimés et numériques. »

 

Il nous l’avait bien dit.

Cet article provient de Actualitté – Une page de caractère http://www.actualitte.com/actualite/lecture-numerique/acteurs-numeriques/robert-darnton-promet-une-bibliotheque-americaine-entierement-numerique-33264.htm

Dans le futur, les bibliothèques dernier rempart contre la censure ?

Chers père et mère, comment allez-vous ?

Moi, je vais bien.

On m’avait dit que l’air de Tokyo était pollué, mais il me semble plutôt respirable dans cette banlieue, à Musashino.

Je m’habitue à la vie au dortoir.

Mon vœu le plus cher a été exaucé : ils m’ont accepté à la bibliothèque. Mes journées sont entièrement consacrées à l’entraînement physique.

C’est par ces mots que commence le roman japonais Library Wars (Toshokan Senso en VO), par Hiro Arikawa, que j’ai découvert par hasard sur l’un des stands du Salon du livre, dont le pays invité cette année était le Japon.

C’est Iku, l’héroïne qui parle dans ce passage et l’on pourra s’étonner qu’une apprentie-bibliothécaire commence sa formation par un entraînement physique intensif (je n’ai pas exactement ce souvenir de l’ENSSIB…). Surtout que cet entraînement comprend aussi le combat à mains nues et le tir à l’arme automatique…

La raison de cette étrangeté, c’est que ce texte est un roman d’anticipation : l’action se déroule en 2019 dans un Japon ayant basculé dans une forme de dictature, où le gouvernement exerce une censure assidue sur les médias. Les bibliothèques constituent le dernier rempart de la liberté d’expression, qu’elles défendent jusqu’au bout, y compris par l’emploi de la force armée !

Les bibliothécaires de choc de Library Wars… Tremblez censeurs !

Le synopsis de l’article de Wikipédia consacré à cette série explique comment les choses ont basculé dans cet avenir dystopique :

Dans un futur alternatif, le Japon vient d’entrer dans l’ère Seika, au cours de laquelle règne une féroce bataille pour la sauvegarde de la liberté d’expression. Jugeant néfaste l’influence de nombre de livres et de journaux, le Gouvernement a en effet fait adopter la Loi d’amélioration des médias, qui crée notamment un comité d’amélioration des médias chargé de sélectionner et de confisquer toutes les publications (livres, revues, journaux…) estimées par lui porteuses d’influences négatives (bref, une censure légalisée). Horrifiés, les directeurs de bibliothèques s’allient et parviennent à faire voter la loi de sauvegarde des bibliothèques, qui crée le corps des bibliothécaires, une organisation paramilitaire disposant d’une légitimité officielle face au comité d’amélioration des médias (pourtant lui aussi issu d’une loi!). Une lutte politique, mais aussi armée (appelée Guerre des Bibliothèques), s’engage alors entre les deux formations pour prendre le contrôle des livres et médias indexés…

En l’an 31 de l’ère Seika, alors que la Guerre des Bibliothèques, qui fait maintenant rage depuis trois décennies, semble irrémédiablement entraîner le Japon sur la voie de la guerre civile, la jeune Iku Kasahara, hantée par le souvenir d’un homme qui, en s’opposant avec force à deux membres du Comité d’amélioration des médias, lui a permis d’acheter ce qui allait devenir son livre favori, décide, à l’insu de ses parents, d’intégrer le sélectif corps des bibliothécaires du Kanto…

Le roman a reçu le Seiun Award au Japon en 2008, l’équivalent du prix Hugo, récompensant les meilleurs ouvrages de Science-Fiction de langue anglaise. Library Wars a été décliné sous la forme d’un manga et d’un anime, dont voici le générique d’introduction :

La lecture du roman est assez particulière, car non content de se situer dans un univers étrange, l’histoire relève du genre japonais Shojo (à savoir romantique), faisant la part belle aux sentiments confus de l’héroïne, le tout entrecoupé de scènes d’action qui valent le détour (maîtrise musclée d’un lecteur s’apprêtant à découper une page dans une revue avec un cutter, intervention armée dans une librairie pour sauver des livres d’une saisie gouvernementale, etc).

J’ai cependant particulièrement apprécié un passage au début du roman, qui explique comment les choses ont déparé juridiquement, après le vote de la loi sur la censure des médias.

C’est en 1989, dernière année de l’ère Showa, que fut adoptée et mise en vigueur la Loi d’Amélioration des médias, malgré l’opposition de ceux qui jugeaient anticonstitutionnelle cette “censure légalisée”. Certes, elle avait pour but de réprimer toute forme d’expression qui portait atteinte aux droits de l’homme ou qui troublait l’ordre et la morale publics. Toutefois les pouvoirs conférés étaient flous et donc largement sujets à interprétation, comme s’ils eussent été laissés délibérément à l’appréciation de l’exécutif. Le texte pouvait même être agrémenté d’amendements ou de décrets d’application, cette compétence discrétionnaire étant confiée à un comité jouissant d’une totale liberté d’action […]

Lorsque l’opinion eut enfin conscience des contours de la loi, un vif mécontentement s’exprima dans le pays, mais un texte, une fois voté, peut difficilement être remis en cause.

Dans ce contexte, la Loi sur la Liberté des bibliothèques vint à point nommé pour raviver l’espoir d’une résistance à la censure. Elle consistait en l’adjonction d’une quatrième section aux trois autres déjà existantes dans la loi sur les Bibliothèques :

Loi sur les Bibliothèques, 4e section. Liberté des bibliothèques :

Article 30. Les bibliothèques ont le droit de collecter librement des documents

Article 31. Les bibliothèques ont le droit de proposer librement des documents.

Article 32. Les bibliothèques protègent la confidentialité de leurs lecteurs.

Article 33. Les bibliothèques s’opposent à toute forme de censure injustifiée.

Article 34. Nous, bibliothécaires, unirons toutes nos forces pour défendre la liberté des bibliothèques chaque fois qu’elle sera violée.

[…] Comme avec la loi d’amélioration des médias, des modalités d’application pouvaient être apportées selon les circonstances. Il s’agissait en sorte de compenser un pouvoir discrétionnaire par un autre.

[… ] Le Comité d’amélioration des médias, établi par la loi du même nom, avait élu résidence au ministère de la justice. Des organismes délégués baptisés “Agences d’amélioration des médias” furent mis en place dans chaque préfecture du Japon. Ils avaient autorité pour interdire toute publication, film ou œuvre musicale qui, de leur point de vue, portaient atteinte à l’ordre et à la morale publics.

Concrètement, les agences d’amélioration avaient le droit d’examiner tous les produits reçus par les revendeurs, d’empêcher les éditeurs de distribuer des ouvrages, de faire obstacle à la diffusion d’émissions ou d’en corriger le contenu, voire d’ordonner aux fournisseurs d’accès Internet de bloquer des sites.

[…] Les bibliothèques avaient également bien changé en trente ans. Disposant du droit de collecter les œuvres de tous médias et de les présenter aux citoyens, elles étaient les seules à pouvoir s’opposer légalement au Comité d’amélioration et en constituaient donc l’adversaire majeur.

Face à l’accroissement brutal des démonstrations de censure des agences d’amélioration, les bibliothèques publiques durent renforcer leur sécurité. Les principales d’entre elles en vinrent à disposer de leur propre corps de garde.

Aussi la rivalité entre les Agences d’amélioration et les bibliothèques ne fit-elle que s’intensifier ; l’histoire de ce conflit est aussi celle d’une course à l’armement. Chaque nouvelle escalade était provoquée par le Comité d’amélioration, les bibliothèques adoptant, quant à elles, une stratégie défensive. Les interprétations élargies des deux lois avaient fait glisser la confrontation sur un terrain extralégal. La Justice ne pouvait intervenir tant que la propriété publique ou privée, ou que la vie des civils n’était pas menacée.

Les lois furent si dénaturées qu’on admit qu’il y eût des morts et des blessés dans les deux camps.

Le plus intéressant, je trouve, dans cette histoire, c’est que les articles cités  ci-dessus de la Loi sur les Bibliothèques existent réellement. Il s’agit en fait de la version résumée des Intellectual Freedom Statements, publiés par l’Association des bibliothécaires japonais,  initialement en 1954 et révisés en 1979. On peut trouver le texte complet sur le site de l’IFLA traduit en anglais et c’est bien cette déclaration qui, à l’origine, a inspiré cette histoire à la romancière.

Évidemment, il est assez tentant de faire quelques parallèles entre ce roman et la situation actuelle.

La censure des médias et d’Internet en particulier ressemble à un flot qui ne cesse de monter. Les lois LOPPSI, Hadopi, l’ACTA, les récentes déclarations au sujet d’un nouveau délit de visite habituelle de sites Internet, tout cet arsenal juridique converge lentement vers l’étouffement de la liberté d’expression. La France, je vous le rappelle, figure pour la deuxième année consécutive parmi les “pays sous surveillance” dans la liste dressée par RSF des Ennemis d’Internet. La dystopie n’est donc plus seulement une affaire de roman : c’est une réalité qui prend corps, brique après brique autour de nous. Cette censure rampante plonge ses racines dans une idéologie sécuritaire, mais aussi de plus en plus, dans une conception déséquilibrée et extrémiste de la défense du droit d’auteur, comme le rappelait récemment mon confrère Rémi Mathis sur son blog. Cette dérive n’est pas à prendre à la légère et elle soulève des questions troublantes sur l’état de nos démocraties. J’ai été glacé par exemple en apprenant que la semaine dernière, lors de l’examen  par un comité du Parlement européen d’un projet de directive européenne sur les oeuvres orphelines, le vote a été purement et simplement truqué,  alors (parce que ?) que le texte allait dans le sens d’un accès plus libre au savoir ! Voilà où nous en sommes…

Carte mondiale de la Cybercensure 2012, par RSF.

Face à cela, la position des bibliothécaires est parfois ambigüe.

Les bibliothécaires américains se montrent très attentifs à la question de la défense de la confidentialité de leurs lecteurs (privacy), après des années tourmentées passées à se débattre avec un Patriot Act qui a des répercussions sensibles sur les bibliothèques. La lutte contre la censure est aussi un cheval de bataille important pour nos confrères américains, qui organisent chaque année une Banned Books Week (BBW) pour célébrer la liberté de lire (Freedom to Read) et rappeler l’importance du premier Amendement de la Constitution protégeant la liberté d’expression.

Côté français, les choses me paraissent plus mitigées. Les bibliothécaires hexagonaux se sont déjà faits entendre lorsque la censure a frappé leurs établissements (affaire Orelsan ou affaire du catalogue de l’expo “Pour adultes seulement“). La profession s’était aussi mobilisée lorsque certains partis au pouvoir dans des municipalités entendaient porter atteinte à la pluralité des collections des bibliothèques, en pratiquant un “désherbage idéologique”. Mais je reste toujours sidéré de voir par exemple combien l’accès à Internet reste contraint  dans nos établissements, avec dans certains cas des systèmes de filtrage qui vont bien au-delà des exigences légales ou des demandes d’identification des lecteurs que les termes de la loi n’imposent pas. Par ailleurs, même si l’IABD s’est plusieurs fois opposée au nom de la liberté d’expression à certaines évolutions dangereuses, que ce soit au niveau national ou international, il me semble globalement que les bibliothèques n’assument pas ou pas assez  la fonction tribunicienne qui pourrait être la leur.

C’est pourtant à mon sens un des enjeux essentiels de la redéfinition des bibliothèques comme “troisième lieu” au sein de la Cité. Si l’on ne veut pas en effet qu’au nom de ce mot d’ordre, les bibliothèques soient réduites en des lieux hype de consumérisme techno-culturel, leur positionnement comme espace d’exercice effectif des libertés me paraît primordial. Et dans le contexte actuel de censure larvée en France, la question de la défense de la liberté d’expression est à prendre au sérieux. Elle a besoin de “lieux d’asile”. Les bibliothèques françaises sont-elles prêtes à jouer ce rôle, avec tout ce que cela implique ?

Dans son manifeste “La bibliothèque, une affaire publique”, récemment publié, l’ABF indique que “Les bibliothèques sont des lieux d’expression et de débat. Les bibliothèques encouragent dans leurs locaux et par leurs partenariats les pratiques de culture et de création y compris numérique. Elles accueillent des rencontres et débats qui contribuent à l’animation de la vie citoyenne.” Fort bien, même si ce genre de déclaration me paraît beaucoup moins nette que le texte fort et clair des bibliothécaires japonais. J’avouerais ne pas avoir été transporté par ce manifeste que je trouve avant tout teinté de corporatisme…

J’ai aussi hélas encore douloureusement en mémoire certaines réactions associatives à la tenue de la Copy Party, qui décidément ne passent pas et m’incitent à penser que l’autocensure, dans notre profession, est peut-être autant à craindre que la censure… Je songe également au titre d’un billet de Lionel Dujol, qui m’avait beaucoup frappé : “Ne faisons pas des abonnés de nos bibliothèques, les victimes de notre manque d’engagement“. A méditer…

Le cauchemar de la censure, ce n’est pas de la science-fiction ; c’est ici et maintenant, dans notre quotidien. Et sans aller jusqu’à prendre les armes, il me semble important que les bibliothécaires pensent au sens qu’ils veulent donner à leur profession dans un tel contexte.

My censorship. Par funadium. CC-BY-NC-SA. Source : Flickr


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